Exils

EXILS


 2018-2019



Technique mixte sur papier
32 cm X 42 cm à 49 cm
























*

Temps plume passe
Délai dilué
A l'écart

*

Œil dégringolé
Culbute en Ut
Au matin sauf

*

Ne trembles-tu pas ?
Filandre
Le rêve d'un port

*

L’œil cherche
Le cœur sait
Le corps répond

*

Faux abords
Cuir
Laissons jaser pèlerin
Le seuil s'évapore déjà

*

Enfoui dans les plis
Ne ressens-tu pas ?

Puisque vous avez choisi
De border de drapés
L'abîme
Il nous faut en sortir
La chaleur du trépas

*

Spectrale aurore
A géométrie ramollie
Au cœur de sa forêt
Je n'aurai pas parié

*

Du gris partagé
L'encre poursuit
Le chemin de sa bave
L'endroit de son alcôve

*

Aujourd'hui la brèche
Ballade entre les tombes
Et de son horizon sans doutes
J'apprends à chanter

*

Au détour des images qui rêvent
De nos peaux
De nos sens
J'absorbe encore ton souffle

*

Puisqu'il y a aussi
La rayure du sillon
Je me cogne à ton mur
Et j'arrange notre idiome

*

Dans cette aube mouillée
Dites, ne voudrait-on pas
En lambeaux s'il le faut
Danser encore dans les Flandres ?

*

Parfois
Dans tes yeux sourires
Je me noie encore
Mon frère hippocampe

*

Et ma lune là-haut
De son injonction paradoxale
Plante une brume si massive
Que nous nous répandons presque

*

Hors de sa ronde folle
Elle engendre un autre lieu
Qui d'autre pourrait donner un écrin
à son fragment d'histoire anonyme ?

*

Substances innommables aux franges du monde
Parés de l'aura du déchet
Ils irradient
Et -plus remarquable- ils scintillent

*

Plongez donc dans la cryptobiose
On fera avec les restes
Et l'on tissera de nouvelles exigences

*

Mes yeux sont au bout de mes doigts
Ils touchent ton intimité
Parmi les gravats
Infaillibles empreintes de ta mythologie

*

J'entends ton pas
Invisible signe
Haleine en suspens par les ouïes

*

Remémore-toi cette fable
Où l'anomalie ne se pense pas

*

Seul le vent noir et sec
S'excuse quand il pleure
Et ce trou de lumière
Sur mon visage inondé
Comme une nouvelle peau de dentelles
Que plus rien ne peut déformer

*

C'est hier que tu es mort

Trois mille voix
Sept mille Toi
Mais les terres d'Arcadie sourient

*

La bouche remplie d'algues
Fertile terroir aux hyphes
Tu rumines jusqu'à l'exsangue
Et de ton écorce pauvre
S'écoule si frêle
Le lait de l'étrille lunaire

*

Nous : regard immense
A l'affût de l'absence
Peut-être
La direction en moins

*

Si rabougri
Je
Vous imagine Madame
Il y a là
En chaire papier
Un ventre avide Madame

*

Transgression cutanée
Et à rebours
Nous intrusant jusqu'à la perte
Nos parois s'effondrent

*

D'un sang étranger
L'affolement paroxystique
étreint et délite sans doute
Mais au sommet du tertre
Il nourrit ta famille engourdie

*

Et c'est dans la semence du hibou
Et c'est dans la parole de la louve
Que tu recueilles si précieusement l'indice secret

*

Te souviens-tu de ces louanges ?
Bulles témoins où même ton ciel
Abrogeait toute ta peine tacite
Tu sens bien n'est-ce pas
Qu'il est heure de ton départ

*


Tu peux clore et passer
Les fossiles de tes silences
Ferments fondateurs
Peuvent dès lors exhaler
Leurs voix d'unisson


*

Et si le son de tes entrailles
Trouve l'écho de mon amour
Approche-toi plus près
Je ne suis pas loin

*

Nous retournerons nos morts
Et de cet exil
Tapi sous nos plaies
Nous absoudrons nos noms



AN - 2019